Organisé par Grégory Daho (Université Paris 1, CESSP-CRPS), Angeliki Drongiti (Université Paris 8, Cresppa-CSU) et Mathias Thura (INED, IRSEM)
Pour cette troisième édition du séminaire, la focale sera plus spécifiquement placée sur les configurations et les rapports de pouvoir pouvant exister au sein des appareils militaires, mais aussi avec d’autres institutions régaliennes se donnant pour fonction d’assurer ce que le sens commun administratif désigne comme étant la protection et la sécurité des biens et des personnes. Au travers de différentes séances organisées autour de présentations et de discussions d’ouvrages récents, en présence des auteur.e.s, nous poursuivrons le décloisonnement des enquêtes portant sur des institutions ou des organisations qui sont généralement étudiées séparément.
Dans un contexte d’exacerbation des politiques sécuritaires et d’une nette transformation (voire d’un brouillage) du rôle des organisations militaires, notamment sur le sol national, ce séminaire propose de redonner sens et place aux armées comme institution du social : institution de la société toute entière et intéressant de ce fait les sciences sociales et politiques toutes entières, et non seulement quelques spécialistes de la question “militaire”. À travers l’étude des armées et des organisations qui leurs sont connexes, c’est toute la société qui se donne à voir dans son rapport au pouvoir, à l’ordre, à la sécurité, à la violence, etc., ce séminaire se donne pour objectif de banaliser scientifiquement l’objet “armées”, tant épistémologiquement que méthodologiquement.
Rarement étudiées de près, les appareils militaires demeurent généralement de vastes boîtes noires. Les politologues s’intéressent plus particulièrement à leurs élites ou aux effets de l’emploi de l’appareil militaire par l’autorité politique et plus rarement à leurs mécanismes concrets de fonctionnement interne. De son côté, la sociologie militaire s’est concentrée ces quarante dernières années sur des problématiques de recrutement et de “professionnalisation”, endossant souvent implicitement l’idée que l’institution militaire forme une sorte d’isolat social. Afin de dépasser cette situation, le programme de ce séminaire a été conçu à mi-chemin entre sociologie et science politique, avec pour souci constant de valoriser des recherches mettant en œuvre des enquêtes empiriques “sur le terrain”.
Au travers des différentes séances, il s’agira de discuter des dispositifs empiriques permettant de constituer des matériaux d’enquête exploitables, mais aussi de “départiculariser” et “désexoticiser” l’objet armée et ses composantes connexes, afin d’en réinscrire l’étude dans les problématiques générales et génériques portées par le programme scientifique des sciences sociales et politiques : sociologie des élites, de l’action publique, de l’État, des relations internationales, de la violence, des rapports de domination, des groupes professionnels et du travail, des rapports sociaux de sexes, contrôle moral de la jeunesse, sociologie des mobilisations et des organisations.
Les séances seront articulées autour de la présentation d’enquêtes empiriques récentes ou en cours, en présence de leurs auteur-rice-s, et l’occasion d’en discuter les partis pris méthodologiques, leurs apports théoriques originaux, leurs limites, et les nouvelles questions qu’elles soulèvent.
Programme 2018 [en ligne sur Calenda]
Programme 2017 [en ligne sur Calenda]
Programme 2015-2016 : Des sociologues dans l’armée [en ligne sur Calenda]